Des droits des femmes à l’écologie, de l’antiracisme à la lutte contre les violences policières, dans la rue ou sur les réseaux sociaux, la jeune génération est de tous les combats. Mobilisés et concernés, les « jeunes » s’impliquent en faveur du changement social et politique et nous entraînent avec eux.
En 2019, ils ont pris la parole pour alerter les générations précédentes face au désastre écologique. Ils et elles ont haussé le ton : c’est de leur avenir dont on parle. Des figures jeunes et engagées, à l’image de Greta Thunberg, ont émergé sur les scènes régionale et internationale. Devant l’inaction politique et l’indifférence citoyenne, elles ont organisé des marches mondiales pour protester contre le changement climatique, et appeler à l’action. Se sentant pleinement légitimes, elles s’adressent d’égal à égal aux dirigeants politiques et agissent pour ne pas subir la crise écologique comme une fatalité.
En 2020, elles ont pris la rue pour dénoncer le racisme et les violences policières. Le décès de George Floyd aux États-Unis, filmé par une jeune femme de 17 ans sur son portable, a été massivement diffusé sur les réseaux sociaux. C’est également sur ces médias, en particulier Instagram, que sont lancés les appels à manifestations des familles de victimes et des associations. Et la classe d’âge la plus active sur les réseaux sociaux n’est autre que celle des 15-25 ans : en 2020, ils représentent 81 % des utilisateurs d’Instagram. Alors que les printemps arabes des années 2010 avaient déjà mis en avant leur capacité d’organisation, les réseaux sociaux sont aujourd’hui devenus des outils incontournables de mobilisation et de sensibilisation.
Les réseaux sociaux, outils de partage et de sensibilisation
Comme tout groupe social, les « jeunes » forment un groupe hétérogène, aux profils socioculturels variés. Ils partagent pourtant un certain nombre de points communs : né-e-s entre 1995 et les années 2010, ils et elles ont grandi avec les réseaux sociaux et les smartphones. Ce qui a influencé leur rapport à l’information et à la culture, à l’échange et à la communication. Plus besoin d’être impliqué dans une lutte pour y être sensibilisé : l’information vient directement à vous. Si la tendance était déjà aux sujets de société sur les réseaux, notamment avec le pop-feminism et l’apparition de comptes Instagram qui critiquent les normes imposées aux corps des femmes, les manifestations récentes ont détourné l’utilisation des applications pour en faire de véritables outils politiques. C’est notamment le cas de TikTok, qui a vu exploser le hashtag #blacklivesmatter en juin 2020 et qui a permis l’organisation du boycott du premier meeting de réélection de Donald Trump aux États-Unis. En parallèle, sur Twitter, des groupes d’adolescentes ont créé des cagnottes de soutien aux mouvements antiracistes américains et ont lancé le hashtag #balancetontiktokeur pour dénoncer les chantages sexuels sur mineures ainsi que les propos racistes, sexistes, homophobes et grossophobes présents sur l’application.
« Les minorités sont les majorités »
Pour Clémence, 23 ans, la force des réseaux sociaux réside précisément dans les fondements mêmes de ces outils : communiquer, diffuser, partager. « Les réseaux sociaux ont facilité le partage d’articles, de vidéos entre groupes d’amis. On a tous un centre d’intérêt particulier : dans mon groupe, il y a l’écolo, la lesbienne… chacun a un sujet qui lui tient à cœur et on va essayer de diffuser ces idées auprès de nos cercles ». À son sens, le besoin de manifester est aussi lié à cet usage massif des réseaux : « […] On passe nos vies à échanger dans des espaces virtuels restreints… à un moment, on a besoin de se déployer et de s’approprier l’espace public pour prendre la parole ». Pour elle, la mobilisation collective passe par la facilité des échanges, la diversité de son contenu, mais aussi par une logique de convergence des luttes entre les différents groupes discriminés : « Aujourd’hui, les minorités sont les majorités. Il y a une vraie prise de conscience et d’engagement sur des valeurs identitaires individuelles. On en parle entre amis et on se soutient. Du coup, on se sent valorisé dans nos identités et on va se décentrer pour se mobiliser. On s’engage sur des sujets qui nous sont propres, mais par contre quand il y a besoin de solidarité, on s’inscrit vraiment dans une dynamique de convergence des luttes et de mobilisation collective, d’autant plus que si on n’est pas concerné, des amis à nous vont l’être. On va se mobiliser avec les autres et pour les autres ».
Par rapport à la génération de mai 68 qui voulait changer le monde, Clémence pense que sa génération veut le défaire, à commencer par les normes imposées telles que le patriarcat, l’hétéronormativité, l’occidentalocentrisme, le racisme d’État ou encore le privilège blanc. Tout abattre, pour mieux reconstruire.
« Aujourd’hui, à nous de faire notre part »
Sur ce point, Luisa, 19 ans, n’est pas d’accord. Elle analyse la mobilisation de la jeunesse comme une évolution logique. Pour elle, il s’agit d’un prolongement des générations qui s’appuie en grande partie sur le socle familial : « Je ne pense pas qu’il faille tout transformer et tout détruire. Si aujourd’hui je peux m’affirmer dans mon identité et m’exprimer, c’est parce que la génération de mes parents est capable d’écouter, de discuter. Ils ont une ouverture d’esprit plus grande que leurs propres parents. Aujourd’hui, c’est une évolution de plus, les mentalités progressent, les différences générationnelles se creusent, tout comme nos petits-enfants auront des choses à redire et à améliorer. On n’est pas plus ou moins engagé que les autres. Ma génération a bénéficié des luttes des générations précédentes. À nous de faire notre part aujourd’hui. »
Dans sa perspective, la mobilisation sociale est une forme d’extension des identités et une ouverture sur les autres. Une ouverture qui passe par la reconnaissance de toutes les inégalités sociales et les discriminations. Clémence et Luisa ne sont pas directement concernées par le racisme. Pourtant, elles se positionnent en alliées et soutien des personnes concernées. Pour Luisa, tout l’enjeu de cette mobilisation est de réagir face à l’inacceptable et de sensibiliser les personnes qui ne se sentent pas impliquées : « Cette période est une phase d’apprentissage pour tout le monde : apprendre à écouter les personnes concernées, apprendre à créer des solutions, apprendre à tendre vers le progrès social ».
Un exemple à suivre
Apprendre. C’est aussi la conclusion du portrait générationnel dressé par le journaliste Nicolas Charbonneau. Il voit dans la jeune génération, une ouverture d’esprit, une conscience sociale et un sens des valeurs dont il faut s’inspirer : « Tous les sujets qui ont agité nos générations, comme l’identité de genre et l’orientation sexuelle, ne sont plus des sujets pour eux ». Il faudrait alors apprendre de ces jeunes qui sont source de changement : ce sont eux et elles qui sensibilisent les générations précédentes à la préservation de l’environnement, au végétarisme, au racisme, au genre, à l’utilisation des outils numériques. Et ce, dans une logique de lien entre les générations et non un affrontement générationnel comme le fût mai 68.
La génération des 15 – 25 ans a déjà connu des crises sécuritaire, écologique et sanitaire. Et l’après-pandémie leur promet une crise économique d’envergure. Face aux défis à relever, elle se définit comme actrice de changement et pousse l’ensemble de la société à réagir. Qu’il s’agisse de violences racistes, sexistes, sexuelles, homophobes ou transphobes, cette génération n’accepte plus de se taire et lutte contre l’invisibilisation des personnes discriminées. Cette génération n’est pas effrayée par les questions d’identité ou de privilèges. Au contraire, elle s’en saisit pour poser un regard critique sur la société dans laquelle elle évolue et pour construire les fondements de son empowerment ou son pouvoir d’agir. Ainsi, ils et elles tentent de créer de nouvelles manières de s’organiser, de se mobiliser pour provoquer le changement social et politique et bâtir une société engagée en faveur des enjeux écologiques et sociétaux, respectueuse des identités, et consciente des différentes réalités sociales. En d’autres termes, une société qui leur ressemble.
A travers ces Stories, Azickia vise à mettre en avant des initiatives à impact social, en France et dans le monde, et cela sans adhérer pour autant à toutes les opinions et actions mises en place par celles-ci. Il est et restera dans l’ADN d’Azickia de lutter contre toute forme de discrimination et de promouvoir l’égalité pour tous.
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